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VERS LES SOMMETS

sieur Boisclair, s’il vous est possible de me suivre, je vous en remercierai, rien de plus. Je vous devrai, comme à chacun de mes commettants éventuels, une vive reconnaissance. Ma visite sous votre toit se termine avec ce dernier mot.

Boisclair ne put se contenir. Il dit avec rage :

— Très bien, jeune homme. Bientôt tu apprendras à tes dépens que des élections ne se font pas avec mille signatures, ni avec quelques mécontents du parti. Je te sais assez fier pour ne pas venir pleurer devant nous ta défaite et assez intelligent pour ouvrir les yeux quand le jour du malheur arrivera.

La tempête de Boisclair n’éclata qu’à demi, car les larmes que versait silencieusement sa fille le touchaient.

— Élise, fit Jules, sur le pas de la porte, pardonne-moi l’aigreur que j’ai mise dans mes remarques. Je te quitte, toi, avec la pensée que ta belle âme s’est tenue élevée au-dessus de ces misères et qu’elle saura me conserver un peu de sympathie.

Cette tendre apostrophe, tel un baume qu’on verse sur une plaie, apporta quelque calme à son pauvre cœur de femme malheureuse.