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VERS LES SOMMETS

— Jamais de la vie je ne me rangerai à cette opinion, mon enfant, coupa Boisclair, sur un ton plus bas, mais encore chargé de foudre. Si j’étais assez naïf ou imprudent pour accepter la complicité que tu proposes, je mériterais la réprobation de mon parti, qui m’expulserait de son sein sans délai.

— Monsieur Boisclair, ce n’est vraiment pas la peine d’inventer un prétexte à la justification que désire pour vous Élise, dit Jules avec calme et en martelant bien ses phrases. Je veux plutôt que le contraire se manifeste. C’est par respect d’un principe que j’ai postulé le mandat de député : la liberté individuelle.

Puis il alla jusqu’au fond de sa pensée :

— Voici l’essentiel du raisonnement qui inspire mes actes. Je vous prie d’écouter mes paroles sans m’interrompre. J’ai observé que dans chaque circonscription des chefs se choisissent exclusivement pour eux un candidat-serviteur. De concert avec les grands maîtres de la politique, ils convoquent une assemblée de délégués auxquels le mot d’ordre donné est de ratifier leur choix sous peine de représailles. Plus tard, les votants du parti dont il porte le drapeau sont obligés d’élire cet individu qu’on leur a imposé. D’habitude ils se trouvent