Page:Dufour - Vers les sommets, 1935.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
139
VERS LES SOMMETS

Pendant une minute, Élise ne sut pas dissimuler son chagrin. Jusqu’ici elle avait si souvent joué le rôle d’une personne froide, indifférente et indépendante que M. et Mme Boisclair furent surpris d’un tel état d’âme chez leur fille, qu’ils croyaient invulnérable. Mais, à leur insu, Cupidon avait lancé une flèche depuis longtemps déjà, laquelle avait opéré son ivresse.

Il y avait une couple d’années qu’ils avaient rêvé une union entre Jules et leur Élise, en autant toutefois qu’ils pouvaient l’espérer d’un homme qui vivait en marge de la société des femmes.

Quelques mois auparavant, M. Boisclair avait dit à sa femme, à l’occasion de l’inscription de Jules au Barreau :

— Ma chère Blanche, la carrière de cet avocat s’annonce bien et sera brillante. Le voilà qui s’engage vers les sommets. Mais c’est étrange, entre lui et son idéal, aucune silhouette de jeune fille ne se dresse encore vraisemblablement. Je suis pourtant convaincu qu’il continuera la tradition des arrière-petits-fils d’Adam ! Une fois que son esprit sera repu, le cœur réclamera sa part, capital et intérêts réunis. Le montant sera considérable alors ! Ce sera une privilégiée que l’élue de ce cœur !