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VERS LES SOMMETS

rais. La pensée de t’adresser des reproches, car tu as eu tort de te comporter de façon tout à fait indifférente à mon endroit au cours de notre longue camaraderie. Bien que je manque totalement d’adresse pour écrire une lettre à une jeune fille, je vais essayer de te donner les explications nécessaires, espérant qu’elles ne me feront pas perdre la considération que tu m’as toujours témoignée.

L’idée, Élise, que tu pouvais éprouver pour moi un sentiment tendre, encore bien moins un sentiment d’amour, n’a jamais effleuré mon esprit. Comment aurais-je pu imaginer de ta part plus que de l’estime pour ma personne, alors qu’ayant été si souvent ensemble, aucun geste, aucune parole, aucune attitude ne m’ait fait soupçonner le secret que tu me révèles à demi-mots aujourd’hui, mais trop tard !

Il est vrai que, jusqu’ici, j’ai vécu dans le monde comme si la femme n’existait pas, mais il me semble que si tu m’avais aimé comme tu le laisses entendre, tu aurais trouvé le moyen de me réveiller de ma léthargie sentimentale. Je crois encore que le feu de ton cœur aurait communiqué au mien une étincelle qui l’aurait peut-être enflammé pour sa compagne et voisine. Quoique je t’aie toujours rencontrée comme un jeune homme fréquente