Page:Dufour - Vers les sommets, 1935.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
VERS LES SOMMETS

des deux affirmations ? Mon petit doigt me dit que tu t’arranges pour ne plus nous revoir.

Mes parents s’expliquent mal ton silence à leur égard, ma mère surtout. Ils t’estiment trop tous deux pour ne pas en souffrir. Sache qu’ils ne sont pas étrangers à la décision que j’ai prise de t’envoyer ces pages. Toutefois, j’en assume seule, bien seule, toute la responsabilité, les mettant sous enveloppe sans leur en faire lecture. Tu vois ! Je savais que je faisais mal en t’écrivant. Mais est-on maître d’un sentiment plus fort que le souci d’être raisonnable ?

Tu te souviens encore de nos enfances et adolescences passées ensemble ? De nos jeux communs, de nos larmes versées et qui se mêlaient certains jours, puis, deux fois l’année, de nos séparations pour la vie de l’internat ? Alors c’était donc vrai que c’était le beau temps, malgré les contrariétés que la poursuite de nos études nous faisait subir ! Nous avons grandi tous les deux presque sous le même toit. Je m’étais habituée à notre douce camaraderie de près de cinq lustres. Quand nous étions séparés, mon imagination te faisait présent. Je t’avoue bien sincèrement que je souffre de ton absence prolongée. Depuis que tu t’es retiré, il y a un immense vide autour de nous. Maman et