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VERS LES SOMMETS

On imagine sa déception lorsqu’il vit le suffrage de la minuscule assemblée adhérer unanimement à cette candidature, candidature qu’il ne suggérait à tout hasard que pour qu’on pensât à le choisir une bonne fois. On n’avait jamais été assez intelligent de le faire de soi-même, se disait-il. Voilà comment on paie les sueurs et le sang que j’ai donnés au parti depuis un quart de siècle !

Il fut davantage contrarié d’entendre Maltais, tout heureux du rôle qu’on lui offrait d’assumer, jeter aux quatre coins de la pièce les lignes stratégiques de sa bataille prochaine. Jamais un homme ne parut plus certain qu’on venait de sauver la situation en lui ayant offert de se présenter contre LeBrun. Quelle ironie du sort !

Malgré son dépit, qu’il dissimula habilement, Ledoux resta calme. Mais après le départ des trois chefs, consolé et stoïque, il se dit :

— La convention ne ratifiera pas notre choix. Dans ces circonstances critiques, je ne serais pas plus heureux que lui si j’avais à solliciter le suffrage d’une convention.

— Comme je suis l’homme de l’ordre et de la discipline dans le parti, l’homme qui n’est jamais allé