Page:Dufour - Vers les sommets, 1935.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
VERS LES SOMMETS

nerait la danse. Au jour du vote, il remporterait la victoire contre tout venant. Et, une fois élu député, il ferait le chambardement. L’édifice que nous avons élevé croulerait !

— Pas besoin de nous le dire, remarquèrent les trois autres. Le laisser faire serait introduire dans notre paisible comté le désordre politique.

— Ce forfait ne s’accomplira pas, lança Boisclair.

Deux motifs le faisaient parler ainsi : le fait, non avoué par lui, que le candidat préférait à sa fille celle d’un électeur du parti adverse ; la crainte, si le candidat était élu, que ce dernier prît l’initiative d’une enquête sur les faveurs dont le gouvernement l’avait gratifié depuis vingt ans. C’est dur perdre le fromage à venir, ce l’est davantage de se faire dépouiller de dotations antérieures, dont on vit grassement ! Avec Ledoux, c’était lui qui criait le plus fort, le parti l’ayant servi presque aussi généreusement que son triste camarade !

— Toi, Boisclair, reprit Ledoux, tu as une raison de plus que nous de t’insurger contre LeBrun. N’est-ce pas lui qui a plaqué ta fille après lui avoir laissé croire depuis longtemps qu’il en ferait sa femme ?