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VERS LES SOMMETS

— Non, mais faut-il qu’il soit effronté, cet individu, pour tenter semblable aventure ! lançaient-ils de toutes parts.

Dans le bureau bien barricadé de Léon Ledoux, de Saint-Étienne, les quatre maîtres d’élections tiennent conciliabule. Sur un pupitre ouvert, reposent un dactylographe et quelques classeurs. Au fond un coffre-fort s’écrase sous un monticule de paperasses. Une petite table en chêne entourée de quatre chaises foncées de cuir occupe le centre de la pièce. Deux crachoirs de cuivre luisant ouvrent leur gueule démesurément. Sur les murs, se déroulent une carte géographique du Canada, une autre des routes de la Province de Québec, puis des calendriers et des personnages politiques, anciens et nouveaux, mais tous grands hommes du parti-providence. Il faut se sauver soi-même. Un pareil lieu convenait bien à pareille besogne et à ces suppôts de la politique des coulisses, des plus basses intrigues.

Les quatre alertés viennent de s’asseoir à la petite table, comme quatre joueurs de cartes pleins de fièvre. Léon Ledoux est le chef suprême. Il les domine tous par sa cupidité, ses intrigues et son savoir. C’est toujours lui qui joue le premier violon. Les autres veulent tout briser à son insu,