Page:Dufour - Vers les sommets, 1935.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
VERS LES SOMMETS

— Quoi qu’il en soit, j’ai plusieurs raisons d’espérer que les électeurs, leurs yeux s’étant dessillés au cours de ma campagne politique, me sauront gré de les délivrer de leurs tuteurs périmés, et que la plupart d’entre eux m’accorderont leur vote au jour du scrutin.

Une fois en un tête-à-tête intime, Mlle Clément, dans son bonheur, exhala une petite appréhension :

— Jules, je ne suis pas jalouse, nullement jalouse de la déesse politique, car je désirais tant te voir la courtiser, l’épouser même. La politique constitue ton atmosphère, ton habitat naturel, comme l’eau l’est pour le poisson, l’air pour l’oiseau. Mais tu remplis si complètement mon cœur, que je voudrais jouer un aussi beau rôle dans le tien. Pardonne cette faiblesse féminine. Je m’en rends compte. Je la regrette. Je ne veux plus éprouver ce sentiment d’égoïsme.

— Pauvre toi ! fit Jules. La politique ne me demandera que mon intelligence, jamais le cœur. Françoise, c’est toute mon âme que tu possèdes. Depuis que je t’ai rencontrée, je suis amoureux de toi en passionné, en artiste. Écoute un homme qui ne connaissait pas l’amour avant de rencontrer celle qui l’a fait naître :