Page:Dufour - Le Testament de Jean-Jacques Rousseau, 1907.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’année en année employer des bougies plus longues et, dans les derniers temps, n’en trouvant[1]pas qui le fussent assez.[2]je [me] suis avisé de les alonger.

Les bains, les diurétiques, tout ce qui apporte ordinairement du soulagement à ces sortes de maux n’a jamais fait qu’augmenter les miens, et[3]jamais la saignée ne m’a procuré le moindre soulagement. Les médecins et chirurgiens n’ont jamais fait sur mon mal que des raisonnemens vagues, par lesquels ils cherchoient bien plus à me[4]consoler qu’à m’instruire. Faute de savoir guérir le corps, ils ont voulu se mêler de guérir l’esprit. Leurs[5]soins n’ont pas plus profité à l’un qu’à l’autre : j’ai vécu beaucoup plus tranquille depuis que je me suis passé d’eux.

Le frère Côme dit avoir trouvé la prostate fort grosse, fort dure et comme squirreuse ; c’est donc là qu’il faut porter ses observations. Le siège du mal est certainement dans la prostate, ou dans le col de la vessie, ou dans le canal de l’urètre, et probablement dans les trois. C’est là qu’examinant l’état des parties on pourra trouver la cause du mal.

Il ne faut point chercher cette cause dans[6] l’effet de quelque ancienne maladie vénérienne, car je déclare n’en avoir jamais eu de cette espèce. Je l’ai dit[7]aux artistes qui m’ont soigné. J’ai jugé que plusieurs d’entre eux ne m’en croyoient pas. Ils ont eu tort.[8]Cet avantage n’étant un effet que de mon bonheur ne peut[9] m’attirer aucune espèce de louange, et soit qu’on m’en croie, ou qu’on ne m’en croie pas, je crois devoir confirmer ici la vérité que j’ai déclarée, afin qu’on aille pas chercher[10]à mon mal une cause qu’il n’a point eue.

  1. plus d’assez.
  2. j’ai été forcé d’y ajouter des alonges (A)j’ai trouvé le moyen (B) de les allonger.
  3. je n’ai jamais éprouvé.
  4. tranquilliser.
  5. recettes.
  6. les restes.
  7. à tous.
  8. Comme cet avantage est un effet de mon bonheur et non pas de ma sagesse, je ne gagnois (A) — Comme je leur déclarois (B)
  9. me valoir.
  10. la cause de mo[n]