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en quoi j’avoue[1] n’avoir à me vanter que de mon bonheur. Ce que je dis là est certain et[2]j’insiste[3]sur cette affirmation, parce que des médecins et chirurgiens ont, sur ce point, refusé de me croire, et ils ont eu tort. Il importe qu’ils ne cherchent pas la cause du mal où elle n’est point.[4]Les frais de cette opération[5]pourront être levés sur ma succession, mais sans contrainte, et je n’entends pas faire de[6]cet article une condition essentielle de mon testament. Je dis en ceci non ce que j’exige, mais ce que je souhaite pour l’instruction publique, et autant que cela pourra s’exécuter commodément et volontairement[7].



[8]Il y a vingt ans que je suis tourmenté d’une rétention d’urine, dont j’ai même eu des atteintes dès mon enfance et que j’ai longtemps attribuée à la pierre. M. Morand[9] ni les plus habiles chirurgiens n’ayant jamais pu me sonder, je suis resté incertain sur cette cause, jusqu’à ce qu’enfin le frère Côme[10] est venu à bout

  1. avoir eu plus de bonheur que de.
  2. je l’affirme
  3. d’autant plus à l’affirmer
  4. J’espère que Mlle Le Vasseur voudra bien pourvoir [ensuite : fournir] aux frais de cette opération, sans cependant rien exiger d’elle, ni faire de l’ouverture de mon corps une condition. — Rousseau à oublier de biffer cette première rédaction, en écrivant la seconde dans la marge.
  5. seront fournis
  6. l’ouverture de mon corps
  7. de la part de mon héritière
  8. Note annoncé dans le testament
  9. Sauveur-François Morand (1697-1773), docteur en médecine, chirurgien en chef de l’hôpital de la Charité, puis de l’hôtel des Invalides, membre de l’Académie des sciences et secrétaire général de l’Académie de chirurgie. — Cf. Confessions, livre VIII ; Œuvres, t. VIII, p. 256, 259.
  10. Jean Baseilhac (1703-1781), connu sous le nom de frère de Saint-Côme, ou frère Côme, depuis son entrée (1729) dans l’ordre des feuillants, inventeur du « lithotome caché » et d’autres instruments ou procédés.

    Les Confessions (livre XI ; Œuvres, t. IX, p. 21) placent au printemps de 1762 les visites du père Côme. Mais celle-ci remontent au mois de juin 1761, comme le prouve une lettre inédite à Lenieps, du 18 juin 1761, qui a passé dans deux ventes d’autographes, 25 mai-4 juin 1852 (Laverdet), no 1569, et 28 avril 1883 (Eug. Charavay), no 116. Voy. aussi une autre