[1]J’espère mourir aussi pauvre que j’ai vécu ; quelques hardes et quelque argent[2]composeront vraisemblablement toute ma succession, et ce n’est guère la peine de faire un testament pour[3]si peu de chose. Mais ce peu n’est pas à moi : j’en dois disposer selon les lois de la[4]reconnoissance[5]. J’espère[6]qu’un motif si juste rendra ma dernière volonté respectable aux juges,[7]quoique peut-être elle ne soit pas revêtue de toutes les formalités requises[8]en pareil cas.
J’institue et nomme mon unique héritière et légataire
- ↑ Le peu que je laisse (A) — Je mourrai vraisemblablement (B) aussi pauvre. — Les notes en caractères italiques reproduisent la plupart des mots ou des phrases biffées par Rousseau, et les lettres A, B, C, indiquent l’ordre successif des rédactions ainsi abandonnées.
- ↑ feront selon toute ap[parence].
- ↑ disposer de si peu.
- ↑ de la justice et de la.
- ↑ et selon mes engagemens.
- ↑ que ce motif rendra.
- ↑ quand même il manqueroit à sa déclaration, j’aurois péché [remplacé ensuite par manqué] par ignorance.
- ↑ par les lois. Ces formes [ensuite formalités] sont si bruyantes et avec tous les soins [ensuite toutes les attentions] imaginables, il [ensuite on] est encore si peu sûr de ne pas laisser quelque moyen de nullité, qu’en faisant ce qui est juste, équitable et droit, j’aime en pareil cas (A) — de nullité, qu’un pauvre malade n’est guères capable des soins (B) — Je remplis un devoir indispensable, je fais une action juste et honnête, et je me repose sur [ensuite : je dois cette confiance à] l’honnêteté publique d’espérer (C).
p. 41-158. Dans la première édition (1898) de ce volume, le travail (p. 1-177) avait pour titre : Jean-Jacques Rousseau, ses infirmités physiques et leur influence sur son caractère et sur son talent. Il était accompagné de la reproduction de plusieurs textes, que l’édition de 1905 a supprimés.
Parmi les études plus anciennes, on lira avec profit un bon article de M. Henri Joly : « La folie de J.-J. Rousseau » (Revue philosophique de la France et de l’étranger, juillet 1890). Il répond à celui que Ferd. Brunetière a écrit sous le même titre, avec une partialité choquante (Revue des deux mondes, 1er février 1890 ; — Études critiques sur l’histoire de la littérature française, 4e série, 1891, p. 325-355).