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Muni de ces renseignements, Rousseau se mit à l’œuvre, au bout de quelques semaines, en février 1763.

Un cahier in-4o de 22 feuillets, conservé à la Bibliothèque de Neuchâtel sous le no 7848, renferme, fol. 2-17. la minute autographe des deux longues lettres (20 et 28 janvier 1763)[1], où Rousseau, après avoir donné au maréchal de Luxembourg « quelque idée » de la Suisse et du comté de Neuchâtel, esquisse une description pittoresque du Val-de-Travers et la peinture amusante de ses habitants. Aux fol. 20 vo-22 du même cahier se trouve la minute de la « Réponse à M. Méreau[2], sous-directeur des plaisirs et maître de danse de S. A. S. M. le duc de Saxe-Gotha, » du 1er  mars 1763. Elle vient immédiatement après la minute très raturée et non datée du testament, qui occupe les fol. 18, 19, 20 ro, et qui, par conséquent, a été certainement écrite entre le 28 janvier et le 1er  mars 1763.

Après avoir rédigé l’acte de ses dernières volontés, Jean-Jacques le transcrivit, en ayant soin, sans doute, de le dater. Mais, cette tâche une fois accomplie, il n’était point tranquillisé et il continuait à s’inquiéter des difficultés qui pourraient se présenter au moment de sa mort. Peut-être se demandait-il aussi s’il devait conserver cette pièce chez lui ou la déposer ailleurs. Le 14 août 1763, il recommande à Mme  Boy de la Tour la « pauvre fille qui soigne depuis si longtemps ma misérable machine, » pour le cas où elle se trouverait « seule et sans position dans un pays si éloigné du sien, » et il ajoute : « Si nous étions à Yverdun [domicile de la famille Roguin], je serois bien tranquille, mais ici, au moment où j’aurai les yeux fermés, on la dépouillera de tout. J’ai fait un testament, mais puis-je espérer qu’on y aura le moindre égard ? Quelque défaut de

  1. Œuvres, édition Hachette, t. XI, p. 15-24, 25-32.
  2. Ibid., p. 44-46. — On voit que cette lettre, bien connue, n’est pas adressée « à M. Marcel, » comme le portent les éditions modernes de la Correspondance. Du Peyrou (édit. in-4o, Genève, t. XII, 1782, p. 315) avait imprimé : « À M. M***. » Mais Musset-Pathay (Hist. de la vie et des ouvrages de J.-J. Rousseau, 1821, t. I, p. 391 ; t. II, p. 220 : — Œuvres de J.-J. Rousseau, t. XIX, 1824, p. 498) s’est figuré que le destinataire, étant « élève et parent de Marcel, » devait porter le même nom que ce dernier, et il a traduit par « Marcel » l’initiale M. L’erreur est reproduite par Quérard, France littér., t. VIII, p. 211, no 40.