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comme un apostat ; j’en ai des preuves bien singulières. Il fallait donc leur opposer ce formidable déserteur au lieu de le ranger sous leurs enseignes pour le combattre par des capucinades. En faisant contraster leurs théories scandaleuses sur les remords, la pudeur, l’intérêt personnel, la matérialité de toutes nos actions, de tous nos sentiments, et par conséquent de nos devoirs, avec les hymnes de J.-J. sur tous ces objets profanés et avilis sans retour par nos sages, il eût rendu hommage à la vérité et service au genre humain ; mais pour aimer les principes de Rousseau et ses écrits, il faut s’en approcher, comme du sanctuaire, les mains nettes.

Voilà, mon cher Monsieur, les idées que j’avais jetées à M. L. ; il les a méprisées, comme de raison, je m’y attendais ; il est vrai que je ne faisais pas ma cour à l’Archevêque de Paris. Je souhaite que le public goûte son opinion, parce que je l’aime, mais je garde la mienne, je m’occupe même de la développer et de la produire. Ayant dans sept ans de liaison chez M. de Voltaire rassemblé beaucoup de matériaux sur cet illustre mort, je les mets à leur place, et ceux que l’étude de Rousseau m’a fournis trouveront la leur. Si vous voulez même le souffrir, je vous consulterai sur plusieurs points historiques ou autres ; mais je réserve à cet objet une lettre particulière ; le courrier me presse, je n’ai que le temps de finir et de vous offrir mes hommages, avec l’assurance du dévouement et de l’estime de votre très-humble et très-obéissant serviteur,

Mallet.