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faveur de son tact et de son jugement vis-à-vis d’un enfant tel que Jean-Jaques. Il est possible que le reste du répertoire fut meilleur, et l’on sait d’autre part qu’au dernier siècle on disait beaucoup de choses qui nous étonnent aujourd’hui. Mais il est évident que Mme Gonceru n’exerça guère d’influence sur son frère, ni plus tard sur son mari, dont Jean-Jaques ne nous fait pas l’éloge[1], et l’on se demande si elle eût mieux réussi avec son neveu dans le cas où il serait demeuré sous sa tutelle. On peut penser aussi que ses principes n’étaient pas très-sévères, car notre jeune homme, si impatient de tout joug, n’eût pas conservé d’elle un aussi bon souvenir[2].

Au demeurant, rien de plus navrant que le spectacle de cette famille de Jean-Jaques, celle du moins vers laquelle il gravite. Des hommes, hommes de plaisir avant tout, des femmes qui luttent avec les difficultés de la vie ou se livrent à l’insouciance, des enfants qui se perdent et ne se retrouvent pas. Aussi ne peut-on s’empêcher de croire, malgré Jean-Jaques lui-même[3], que sa fuite fut un bonheur pour lui,

  1. Confessions livre 1er.
  2. Elle vécut âgée et dans la misère. Jean-Jaques lui fit une pension.
  3. Confessions, livre 1er. Il fait le tableau de la vie heureuse qui eût été son lot dans sa patrie, s’il y était resté.