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être assez paralysé par l’inertie du père. Au fond, son caractère, quoique aboutissant dans ses manifestations au même résultat, différait de celui de son beau-frère. La négligence et l’insouciance provenaient chez lui de son âme d’artiste ; ce n’était pas les idées qui lui manquaient : il faisait des plans, il se passionnait facilement. C’est ainsi qu’un jour il vint lire à sa famille un beau sermon qui ravit d’aise tout le monde[1]. Mais, avec tout cela, ses affaires n’en allaient pas mieux. Sa mère, Mme Bernard-Machard, dans le testament qu’elle fait en 1710[2], étant avancée en âge, « donne et lègue par institution particulière au Sr Gabriel Bernard, son très-cher[3] fils, la somme de 6,000 florins, sur lesquels 6,000 florins, le dit Sr Bernard tiendra compte de cinq louys d’or que la dite testatrice a empruntés du Sr David

  1. Confessions, livre 1er. Je passe sous silence un accident, rapporté par M. Eugène Ritter, et qui, survenu en 1699, précipita le mariage de Gabriel avec Théodora Rousseau. Comme Gabriel avait 22 ans, et Théodora 17 ans, on peut considérer ce malheur comme un péché de jeunesse. La malheureuse femme expia assez durement sa faute par les soucis que lui causa son mari.
  2. Fr. Joly, notaire, 12 avril.
  3. L’expression cher ou très-cher était de rigueur dans les testaments, mais ici, détail curieux, on avait omis cette mention, et elle a été ajoutée après coup.