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et la nièce de spectable Samuel Bernard, pasteur[1], sous la direction duquel elle fut élevée. Elle avait hérité tant de cet oncle que de sa mère la somme de dix-sept mille florins. Par le testament de cette dernière, dont nous reparlerons plus loin, on remarque que la famille Bernard avait des goûts artistiques, en sorte que tous ces renseignements s’accordent suffisamment avec ceux de Jean-Jaques.

Le frère de Suzanne Rousseau, Gabriel Bernard, était, d’après son neveu[2] qui n’a pas pour lui les mêmes ménagements que pour son père, un homme de plaisir, prenant assez peu de soin des deux enfants confiés à sa garde. Être homme de plaisir, dit Fontenelle, est un mérite, pourvu qu’on soit en même temps quelque chose d’opposé. En ce qui concerne les deux amis, on doit en effet le blâmer de les avoir laissés s’amuser et perdre leur temps, lors même qu’on doive avouer que, relativement à son neveu, il devait

  1. Ce pasteur, quoique très-assidu aux séances de la Compagnie des Pasteurs, n’y joue aucun rôle. Toutefois, en 1695, il fut l’objet de plaintes très-vives de la part de ses paroissiens du Petit-Saconnex. Il résulta des informations prises qu’il était avant tout un homme de cabinet, frayant peu avec les paysans, ce qui lui faisait négliger les affaires de sa paroisse qu’il transmettait volontiers au maître d’école et aux anciens.
  2. Confessions, livre 1er.