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veut avoir la raison de toute chose, rerum cognitionem. Il est impossible de ne pas reconnaître dans ce père si indifférent et si égoïste, si changeant[1], si peu ami du travail, dans cet homme de 45 ans et plus, qui passe ses nuits à lire des romans avec son jeune fils âgé de 7 ans, qui l’abandonne ensuite aux ennemis de la foi de ses pères, et qui ne lui donne plus aucune marque d’intérêt, dans cet être malheureux à charge à lui et aux autres, qui a mal commencé la vie, et la finit mal, le premier auteur de cette longue suite de misères qui furent le partage de l’infortuné Jean-Jaques.

Nous avons déjà dit quelques mots de la mère de Rousseau. Cette dame, qui mourut si jeune, avait reçu, d’après son fils, une brillante éducation : elle dessinait, chantait, faisait des vers, jouait des instruments. Elle était fille de Jaques Bernard, qui paraît avoir fait de mauvaises affaires[2],

  1. Lettre à d’Alembert : « Mon père en m’embrassant, fut saisi d’un tressaillement que je crois sentir et partager encore : Jean-Jaques, me disait-il, aime ton pays. Vois-tu ces bons Genevois, ils sont tous amis, ils sont tous frères, la joie et la concorde règnent au milieu d’eux. Tu es Genevois, tu verras un jour d’autres peuples, mais quand tu voyagerais autant que ton père, tu ne trouveras jamais leurs pareils. »
  2. Dan. Grosjean, notaire, 27 mai 1701.