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De ces secondes lectures se formèrent « cet esprit libre et républicain, ce caractère indomptable et fier, impatient du joug et de la servitude qui l’a tourmenté tout le temps de sa vie dans les situations les moins propres à lui donner de l’essor. » Il n’a presque aucun méfait enfantin sur la conscience, « parce qu’on ne le laissa pas courir avec les autres enfants, et qu’il n’avait autour de lui que des exemples de douceur, » et il n’eut des fantaisies que du moment où on l’asservit à un maître. Un châtiment de Mlle Lambercier fait naître en lui les idées de sensualité. Dans son apprentissage, il impute aux duretés de son maître[1] et à son esclavage les vices qu’il contracte, le mensonge, la fainéantise, le vol. Enfin ses perpétuels changements dans ses goûts et ses situations sont « une des différences qui le caractérisent. » Les Confessions sont donc une mise en pratique de ses idées, un supplément à l’Émile, une apologie de l’Être-Nature. Quant à nous, nous croyons qu’il ne faut pas borner à soi-même les observations qu’on a à faire sur ses aptitudes et ses penchants, si l’on

  1. Il est curieux de constater que ce fut pendant cet apprentissage qu’eut lieu le mariage d’Abel Ducommun, « ce jeune homme rustre et violent. » Il épousa Jeanne Marthe, fille de Sr Mathieu Vieux, habitant, et de Madeleine Viridet (contrat de mariage, Louis Pasteur, 9 novembre 1726).