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nève, et de n’y plus rentrer jamais. On a des raisons de croire que ce ne fut pas là l’unique motif de cette décision héroïque, car les renseignements des dizeniers prouvent que, dès 1720, Isaac avait quitté son beau-frère et sa sœur, avec lesquels il vivait à la Grand’Rue, pour passer à la rue de Coutance et Cornavin, et qu’ensuite il paraît en arrière pour ses payements[1]. Il voyagea quelque temps, puis se fixa à Nyon, où il se remaria trois ans après. Au lieu de prendre ses fils avec lui, il les laissa à son beau-frère Bernard[2], et se déchargea ainsi très-aisément de ses devoirs paternels, donnant à Jean-Jaques un exemple qui ne sera que trop suivi.

Plus tard, lorsque ce dernier se sauve chez un curé (1728) à Confignon, puis chez une dame catholique, à Annecy, le père demeure à Nyon, et c’est l’oncle qui le premier fait quelque semblant de poursuites[3]. À propos de cette fuite de Genève, il est un point qui, si l’on suit la chronologie de Jean-Jaques, semble obscur. Ce fut le dimanche des Rameaux, 21 mars, qu’il arriva auprès de Madame de Warens ; il avait erré quelques jours autour de la ville, et mis depuis

  1. Mémoire de Théophile Heyer.
  2. Confessions livre 1er.
  3. Confessions, livre 2me.