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plus solides, et qui donnèrent lieu aussi, grâce à l’esprit curieux et interrogateur de l’enfant, à des entretiens plus nourris.

Cette nature faible et inerte d’Isaac correspondait, comme il arrive quelquefois, à un tempérament très-vigoureux. Jean-Jaques a raconté à Bernardin de Saint-Pierre[1] que son père était grand chasseur, aimant la bonne chère, et à se réjouir. D’autre part, on nous a fait ici même[2] la relation complète de deux querelles qu’il eut à Genève. Ces querelles dénotent un caractère violent, et la violence est le propre des âmes faibles, qui s’imaginent par là convaincre les autres de la force qui leur fait défaut.

Ce fut à la suite de son altercation avec M. G. (octobre 1722), dans le récit de laquelle les registres du Conseil donnent encore à cet horloger si habile la qualification de maître de danse[3] qu’Isaac prit la résolution subite de quitter Ge-

  1. Œuvres publiées par L.-Aimé-Martin.
  2. M. Eugène Ritter, qui met en ce moment sous presse, après les avoir lues à la Société d’histoire et d’archéologie, ses intéressantes recherches sur Rousseau, sous le titre : La famille de Jean-Jaques.
  3. Il avait renoncé à ce métier au moins depuis dix-huit ans, car il est appelé maître horloger à son contrat de mariage. Dans l’acte qui donne le récit de cette dispute, son prénom reste en blanc. Rappelons aussi que Jean-Jaques fut inscrit par erreur, à sa naissance, comme fils de David.