Page:Dufour-Vernes - Recherches sur J.-J. Rousseau et sa parenté, 1878.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 19 —

plusieurs même étaient admis à leur table, mais on ne parle point de leurs rapports avec le gouvernement du Sultan, ce qu’on n’aurait pas manqué de signaler, surtout s’il y avait une charge d’horloger du sérail possédée par un Genevois. Enfin, lors même que ce temps fut l’époque prospère de la colonie, Isaac, malgré son habileté et son emploi, ne revint pas plus riche qu’auparavant.

Quoi qu’il en soit, il est rappelé, d’après Jean-Jaques, au bout de six ans par sa femme, qui, jeune et belle, avait, paraît-il, fort à faire à se défendre contre les obsessions de ses adorateurs[1]. Au bout d’une année, un second enfant vint au monde et coûta la vie à sa mère : « Je n’ai pas su[2] comment mon père supporta cette perte, mais je sais qu’il ne s’en consola jamais. Il croyait la revoir en moi, sans pouvoir oublier que je la lui avais ôtée : jamais il ne m’embrassa sans que je sentisse à ses soupirs, à ses convulsives étreintes, qu’un regret amer se mêlait à ses caresses ; elles n’en étaient que plus tendres. Quand il me disait : Jean-Jaques,

  1. Jean-Jaques cite particulièrement dans le nombre M. de la Cloture, résident de France à Genève ; mais il a été démontré que ce dernier n’était pas à ce poste pendant l’absence d’Isaac. Jean-Jaques commet donc une bien étrange erreur.
  2. Confessions, livre 1er.