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devait être la même. Évidemment le caractère instable du jeune homme n’inspirait pas de confiance. Ce ne fut, selon Jean-Jaques, que parce qu’une sœur de son père était recherchée en mariage par Gabriel Bernard, frère de sa mère, que l’union tant désirée put avoir lieu : telle fut la condition qu’elle mit à son consentement[1]. La mémoire de notre écrivain ici encore est peu fidèle, à moins qu’il n’ait pris plaisir à compléter son tableau idyllique. En effet les noces de Gabriel Bernard se firent, ainsi qu’on l’a déjà remarqué[2], en 1699, c’est-à-dire près de cinq ans avant celles d’Isaac Rousseau et de Suzanne Bernard. Il fallut encore tout ce temps pour triompher des répugnances de la famille.

Isaac se maria donc le 2 juin 1704, à 32 ans, et moins d’une année après, lorsque sa jeune femme vient d’accoucher, le voilà de nouveau hors de Genève. « Mon père, après la naissance de mon frère unique, partit pour Constantinople où il était appelé, et devint horloger du sérail[3]. » Il semble, à la manière dont la chose est présentée, que c’est la réputation d’habileté d’Isaac qui provoque cet appel. Mais ce

  1. Confessions, livre 1er.
  2. Mémoire de Th. Heyer, et contrat de mariage, Jean Girard, notaire, 28 avril 1701.
  3. Confessions, livre 1er.