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simple ou composé de ce premier milliard aurait augmenté ce noyau de deux nouveaux milliards au moins. Il en est de même sans doute des autres énormes fortunes comprenant presque toutes d’importantes valeurs mobilières dont la dissimulation est facile avec la loi actuelle qui permet les titres au porteur.

Les grandes fortunes de certains Français ou naturalisés Français sont donc encore supérieures à celles révélées par les documents fournis par l’Enregistrement.

Ajoutons que les noms des possesseurs de ces fortunes sont un secret d’État en France, tandis qu’en Angleterre et en Amérique, chaque année, l’administration publie les noms et le chiffre des revenus des personnes riches. En France cette publication passerait pour être une énormité impardonnable et très dangereuse[1].

En ce qui concerne l’Angleterre, où les droits de mutation par décès se perçoivent comme en France sur les valeurs mobilières et immobilières des successions, nous trouvons un document intéressant dans l’ouvrage de M. Leroy-Beaulieu (Essai sur la répartition des richesses, Paris, Guillaumin 1897, pag. 539). En 1895, les successions de l’année se seraient élevées à 6 600 millions en chiffre rond, sans y comprendre les successions inférieures à 2 500 francs, évaluées à 17 millions et demi. Le fisc anglais montre en cela plus d’humanité que le fisc français qui frappe même les successions de vingt sous.

  1. Dans le Massachussets, l’un des États-Unis d’Amérique, on publie chaque année le tableau de toutes les personnes possédant un revenu supérieur à 2 000. Cette publicité est réclamée dans plusieurs autres états.

    Le canton de Zurich a publié l’état des revenus et des impôts de 7 500 contribuables. (Zurich, Arnold Bopp, 1905.)