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des capitaux mobiliers. D’où nous devons conclure dès maintenant qu’il faudra nous adresser aussi au produit du travail proprement dit, pour faire face aux dépenses générales. Autrement, le capital terre, maisons d’habitations et usines, serait anéanti en entier (comme un domaine frappé d’une hypothèque supérieure à sa valeur), et que le capital mobilier serait réduit de 33 %.

Pour éviter d’en arriver à cette extrémité, à cet anéantissement du capital par l’impôt, nous verrons qu’il est indispensable de s’adresser aussi au produit du travail. Or, ce dernier produit ne répond à aucun capital ; il est donc juste de s’adresser à lui dans une proportion moins forte qu’au produit du capital dont les bénéficiaires sont, par l’origine même de leurs revenus, dispensés en totalité ou en partie, de donner leur travail personnel à la société.

On pourrait dire que le revenu du travail proprement dit ne correspondant à aucun capital, n’est pas autre chose que l’addition de la valeur monétaire multipliée par la circulation énoncée plus haut. Et c’est probablement à cause de la très grande difficulté d’apprécier cette circulation, que nos économistes, malgré toute leur science d’observation, ont varié de 12 à 30 milliards sur le chiffre du produit du travail en France ; il n’est pas facile de savoir combien de fois la pièce de 5 fr. change de mains dans une année.

Nous verrons que toutes les législations des peuples qui nous environnent ont tenu compte de cette idée que l’impôt doit frapper dans une proportion différente le produit du travail proprement dit et celui du capital, et qu’il est juste aussi d’établir un chiffre du revenu, dans l’une et l’autre catégorie, que la loi exemptera de contribuer à l’impôt, parce que ce revenu correspond à la dépense nécessaire de l’individu qui