des classes s’exploitant les unes les autres, quand, dans un pays à la fois riche et obéré, la soif universelle des jouissances rapides n’a plus d’autre ressource que l’espoir de prochaines révolutions, alors les grands bouleversements se propagent. Ils vont passer par trois phases presque inévitables : la discorde, la guerre, la dictature. »
L’histoire fournit même des exemples de leçons encore plus sévères, infligées aux nations qui ne savent pas s’affranchir de la corruption produite par les fortunes immenses élevées sur d’immenses ruines : l’idée même de patrie est attaquée et disparaît avec la force morale nécessaire pour résister aux divisions fomentées par l’étranger et aux invasions de l’ennemi qui finit par supprimer la nationalité elle-même.
Nous ne sommes heureusement pas encore arrivés à cet état décrit par un grand orateur, où les nations ne sont plus guérissables. Le travail et l’effet moral qu’il développe sont encore en honneur chez nous. Il s’agit seulement d’éviter que le produit de ce travail ne serve pas uniquement à augmenter ces accumulations de richesses toujours plus grandes en quelques mains seulement. Le peuple qui, par son travail, crée la richesse, ne tend pas la main pour qu’on lui fasse l’aumône ; il demande seulement que des lois plus prévoyantes et plus humaines lui laissent une plus grande part du produit de son propre travail. Il a en mains une arme excellente, s’il sait l’employer. Il n’est peut-être pas inutile de lui soumettre les réflexions suivantes dont il pourra faire son profit le jour des élections de 1906 :
Puisqu’il n’a pu obtenir, jusqu’à ce jour, de notre