Page:Dufay - L’Impôt Progressif sur Le Capital et le Revenu, 1906.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur la classe laborieuse, véritable source de la richesse générale.

C’était déjà le vœu du grand poète latin, quand il chantait, dans ses vers immortels, la plainte des laboureurs de son temps.

C’est dans l’intérêt du petit, de l’humble, du travailleur, que je viens d’écrire ce qui précède. Que deviendra la réforme fiscale proposée ? Jusqu’à ce jour, les lois préparées sous la dictée de la puissance financière ne donnent guère satisfaction aux besoins de la classe laborieuse. Notre société serait-elle donc condamnée à ne jamais profiter des leçons du passé ? Ce n’est pas, lorsque le poids énorme d’une dette publique, comme aucune autre nation n’a eu à en supporter, qu’il convient aux possesseurs de la plus grande partie de la richesse générale, de marchander quelques fractions de leurs revenus considérables, afin de décharger d’autant la classe bien plus nombreuse de ceux qui, en réalité, produisent cette richesse.

On ne peut pas indéfiniment ajourner les réformes indispensables. Assez de discours, assez de décorations : verba et decoramenta, praeterea nihil. Nos masses laborieuses demandent une nourriture plus substantielle.

Pourquoi attendre ? Les scandales qui éclatent sans cesse dans le monde des financiers, des agioteurs, des mercantis, des exploiteurs, des usuriers célèbres, des chevaliers d’industrie à la poursuite des millions et des milliards ne sont-ils pas suffisants ? Faut-il que cette marée montante submerge le pays tout entier avant que le législateur songe à mettre un frein par l’impôt à ces immorales accumulations de richesses qui ruinent le travail honnête tout en faisant souvent le désespoir et la mort de ceux qui les forment ? Faut--