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À cette époque, le budget aura à payer 230 millions pour les pensions, d’après M. Guycisse, et 300 millions, d’après les calculs ministériels. En attendant, les ouvriers, actuellement âgés de 65 ans, recevront à titre de cadeau, puisqu’ils n’ont rien versé, une somme annuelle de 50 francs. C’est peu, assurément, pour chacun, mais cela fera encore un vide dans le budget, et avec notre système actuel, ce sera encore le travail en grande partie, qui sera chargé de le combler. Est-il possible de décrire un plus gigantesque cercle vicieux ? Au lieu de demander à l’impôt sur le travail, sur la petite propriété, comme le comporte notre système actuel, de quoi aider le travailleur devenu vieux, infirme, impotent, ne serait-il pas plus simple de favoriser l’épargne volontaire entre ses mains en l’exemptant des impôts actuels ? Au lieu d’encourager les ouvriers par une épargne dont ils voient chaque année le résultat entre leurs mains, on les découragera peut-être, on les rendra moins actifs, moins prévoyants, par une perspective à longue portée, hors de leur vue, puisque la moitié d’entr’eux, au moins, n’en profiteront pas, la mortalité en trente ans étant considérable. Et ce n’est pas tout que de pourvoir à l’ouvrier de 65 ans, combien sont infirmes avant cet âge ; le programme de l’assistance publique est bien autrement étendu ; il faut s’intéresser aux enfants, aux malades, aux femmes surtout, aux mères indigentes.

Dans les États mieux avisés, en Suisse et en Italie notamment, l’État n’assure même pas à tous ses fonctionnaires une retraite sur leurs vieux jours ; il les paie mieux, il laisse à leur prévoyance personnelle le soin de s’assurer des ressources nécessaires par une épargne volontaire. De plus, il les exempte d’impôts ce qui crée la vie à bon marché.