Nous croyons avoir répondu à certaines difficultés d’exécution de la réforme proposée. Il est intéressant, toutefois, d’ajouter ici quelques observations suggérées par la lecture de l’excellent cours d’économie politique de M. Colson, conseiller d’état, ingénieur des ponts-et-chaussées, qui vient d’être publié, par les librairies Guillaumin et Gauthier-Villars. Paris 1903. Le savant auteur de cet ouvrage fait remarquer que la loi fiscale actuelle ne demande aucun impôt direct sur les traitements, les gages, les produits des fonctionnaires, des employés, des ouvriers, des fermiers agricoles, en sorte que la rémunération de leur travail leur reste intégralement. Dans l’application de la nouvelle loi sur l’impôt, frappant le capital et les revenus, il sera nécessaire, surtout en ce qui concerne l’agriculture et les petits fonctionnaires, d’élever l’exemption à la base d’une somme, ou de capital, ou de revenu assez haute, pour que les contribuables, de cette classe très nombreuse en France, n’aient pas lieu de s’opposer à la réforme, dont ils n’apprécieraient pas facilement l’avantage, bien qu’elle ait pour but de les dégrever sous une autre forme, notamment des droits de consommation et autres impôts figurant dans les 900 millions qu’il s’agit de remplacer. C’est une mesure de prudence que l’on a observée notamment en Angleterre, en Prusse et en Suisse. Supposons un salaire, ou un traitement, ou un produit agricole de 4.000 fr. et une exemption à la base de 2.000 fr. l’impôt ne toucherait alors que les 2.000 fr. d’excédent, et si on le suppose de 1 % il s’élèverait à 20 fr. somme très supportable dans toutes les positions, surtout si on réfléchit qu’il est destiné à remplacer ce que le contribuable actuel paye en personnelle mobilière, ou impôts indirects sur tous les objets de consommation, etc. Quant au capital, on pourrait