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retour à la terre. M. Méline a écrit un beau livre à ce sujet. Eh bien, je dis que cela n’est qu’un rêve irréalisable si on ne modifie pas profondément notre système fiscal, à l’imitation de ce qui se passe autour de nous. Il est très facile de faire de la poésie et de belles théories au sujet de la vie rurale. Tout cela ne peut produire aucun résultat pratique, en présence des dures réalités économiques. Aussi voyons-nous, en France, la terre de plus en plus désertée, la population agricole diminuer chaque année ; la valeur du sol suit, naturellement, une marche descendante, les mariages et les familles nombreuses sont de plus en plus rares et, pendant ce temps, nous pouvons constater chez nos voisins Suisses, Italiens et Allemands, les phénomènes exactement contraires.

Ajoutons que, dans le cas précédent, l’impôt est payé par le créancier des 8.000 fr. par cette raison bien simple que c’est à lui que profite le capital, ainsi que l’intérêt qu’il procure. En France, ce même créancier n’aurait rien à payer, probablement pour cette raison qu’il n’a aucun travail à faire pour se procurer son revenu.

Notre loi fiscale décourage le travail et favorise l’oisiveté.

Il y a mieux : non-seulement en Suisse, on ne demande aucun impôt annuel à la famille nombreuse ; on ne lui en demande pas non plus pour la transmission des biens, par décès, du père aux enfants. Ajoutons encore, à ce tableau comparatif, le renseignement suivant que je dois à l’obligeante communication de M. Dubois, syndic de la commune des Verrières, comprenant 1.800 habitants. En 1903, il a été distribué à 98 personnes appartenant surtout à des familles nombreuses ne payant pas d’impôt, 14.200 fr. de secours de toutes espèces. Une certaine année, ces secours se