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Est-ce assez ridicule ? Pour recevoir peut-être 2 ou 3 millions de francs, l’État oblige des milliers de ses fonctionnaires et des millions de citoyens à se déranger 100 millions de fois, si c’est par douzième, les uns pour recevoir, les autres pour payer, chacun, quelques sous. Ne voit-on pas que le temps employé à cette besogne absurde vaut cent fois plus que la somme revenant à l’État ? Mais, en réalité, elle ne revient même pas à l’État ; elle n’est pas même suffisante à payer l’étrange travail qu’elle impose.


Encore une fois, tout cela est connu, publié dans les journaux, dans les livres, dans les statistiques. Et vous croyez qu’on va jeter une bonne fois au feu ces paperasses officielles, fruits d’une routine séculaire ? Que vous vous trompez ! Il faut bien que ces fonctionnaires aient une raison de toucher leur traitement ; il faut bien que, par là, on rende leur nombre en apparence, nécessaire. Il faut bien qu’on puisse publier partout que la propriété est extrêmement divisée, que tous les citoyens en possédent au moins un morceau.

À quoi riment bien ces deux ou trois millions perçus sur la misère, dans un budget de près de 4 milliards ? Quelle perturbation y aurait-il dans la machinerie compliquée de l’État, si, pour la simplifier, on laissait tranquilles ces quelques millions de pauvres, et si l’on demandait les quelques gros sous qu’ils ont tant de peine à payer, aux millionnaires, déca-millionnaires et hecto-millionnaires qui sont à la tête du tableau, propriétaires sérieux, ceux-là, et pouvant payer, sans avertissements verts ou jaunes, et sans sommations ?

N’est-ce pas un axiome en mécanique, que tout rouage inutile doit être supprimé, qu’il faut obtenir