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bourgeoise, aristocratique et privilégiée dans son genre, pourra éviter la grande tempête qui a emporté, il y a un siècle, notre vieille société féodale. De la justice, de la justice, et encore de la justice !

Cette justice, si nécessaire, nous ne l’avons pas encore réalisée. Des progrès incontestables ont déjà eu lieu, mais ils sont loin de répondre aux nécessités contemporaines. Il existe, sur le sol français, plus de quatre millions de laboureurs, paysans, vrais enfants du pays, qui aiment la terre, qui la fécondent de leur travail, dont les ancêtres, en remontant aux générations les plus anciennes, ont fait vivre et enrichi la nation. Eh bien, nos lois semblent leur dire : « Cette terre que vous aimez et que vous fécondez de votre travail, vous ne la posséderez jamais. » Et, si, par chance, après un siècle de durs travaux, ils sont parvenus à être maîtres d’un lambeau de ce sol, ils n’arrivent pas à le transmettre à leurs enfants. Avec leurs vaines formules, avec leurs impôts de toutes sortes, nos lois leur arrachent ce fruit d’un travail séculaire. Tel est le bon plaisir de notre science économique.

Ces lois, cette science, sont mauvaises. Il faut qu’un jour la terre soit en grande partie à celui qui la cultive ; il faut que le trésor qu’il en tire par son travail lui appartienne presque tout entier ; il faut que le travail et le capital de la terre soient, autant que possible dans les mêmes mains. « Croyez bien, me disait un jour M. Eugène Simon, cet aimable écrivain de la Cité Chinoise, que si nos lois étaient justes, il y aurait sur la terre française 30.000.000 de paysans propriétaires, qui en tireraient le double de ce qu’elle produit aujourd’hui ; il ne faudrait