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laissent rien à faire à personne, et ils crient que le peuple perd son temps ; tout glorieux de leur fructifiante oisiveté, ils disent au compagnon sans ouvrage : travaille. Et puis, quand le chancre du paupérisme vient troubler leur sommeil de sa hideuse vision, quand le malade épuisé se tord sur son grabat, quand le famélique prolétaire rugit dans la rue, alors ils proposent des prix pour l’extinction de la mendicité, ils donnent des bals pour les pauvres, ils vont au spectacle, ils font des redoutes, ils tirent entre eux des loteries pour les indigents, ils jouissent en faisant l’aumône, et ils s’applaudissent ! Ah ! si la sagesse des temps modernes s’est épuisée pour de si beaux résultats, tel ne fut pas l’esprit de l’antiquité ni l’enseignement de Jésus-Christ. (Proudhon, De la célébration du dimanche, considérée sous les rapports de l’hygiène publique, de la morale, des relations de famille et de cité. Sujet proposé par l’Académie de Besançon).

Et ailleurs il dit encore : « Du temps de St Paul déjà l’orgueil des richesses et le luxe des jouissances se glissaient jusque dans les agapes ou repas d’amour qui se prenaient en commun. Les riches ne voulaient ni manger avec les pauvres, ni des mêmes mets ; Chacun de vous, leur reprochait St Paul, apporte de chez soi ce qui lui plaît ; l’un se soûle, l’autre meurt de faim. Et il s’écriait indigné : « Ne pouvez-vous rester dans vos maisons pour manger et boire, et ne venez-vous à l’assemblée (à l’église) que pour insulter à ceux qui n’ont rien ».