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un trésor pour le travailleur lui-même, et non pas seulement pour le capitaliste qui est trop souvent le seul à en profiter aujourd’hui, ainsi que l’expérience et le raisonnement le démontrent trop bien.

Notre régime économique et fiscal ne peut pas se prolonger indéfiniment sans danger ; il a fait de quelques milliers de privilégiés la clé de voûte de l’édifice social. Il est permis de prévoir que cet édifice reposant sur des fondations peu solides, est, d’un moment à l’autre, exposé à s’effondrer par son propre poids sur ceux là mêmes qui croient en être protégés. La marée humaine, comme celle de l’Océan, se soulève quel quefois en tempête, et emporte les institutions que l’on croyait inébranlables.

Voyez-vous ce qui se passe à l’Orient de l’Europe, au soleil levant de l’Asie ? Qui aurait pensé, il y a moins de deux ans, que, sous une semblable apparence de force il y avait tant de faiblesse ; et d’un autre côté, qu’une telle puissance latente se cachait aux yeux de l’ignorance européenne ?



Deux faits divers donnent une idée de l’application humaine de nos lois fiscales :

Un homme, père de six enfants mineurs, malade, affaibli peut-être par la phtisie, dépourvu de toute ressource, incapable d’un travail suivi, est surpris vendant des allumettes. Amende de deux cents francs, ou prison s’il ne paie pas. — Le déshonneur de la prison l’effraie. — Pour payer, nouvelle contraven-