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quoi les capitaux français plus égoïstes, iraient-ils plus qu’aujourd’hui, courir les aventures à l’étranger, quand de cruelles expériences ont démontré que souvent ces promenades hors des frontières, leur coûtent plus cher que nos impôts ?

Après cette charge à fond, en quelque sorte obligatoire, contre l’impôt sur le revenu, chez les économistes français, M. Méline propose quelques excellentes mesures que nous allons indiquer ; mais quelle est la valeur de ces mesures, si le petit bénéfice qu’elles peuvent procurer continue à être anéanti ou absorbé par notre système fiscal actuel ?

Il propose de créer le bien de famille, comme en Amérique, rendu, par une loi spéciale, inaliénable et transmissible aux enfants dans de meilleures conditions. Mais ce bien de famille existait en France, sans qu’il fût besoin de le protéger par une loi exceptionnelle tendant à attachera la terre, presque malgré lui, le cultivateur. Quel intérêt peut-il avoir à ne plus pouvoir vendre son bien, si son revenu continue à être dévoré par le fisc ? N’est-il pas plus naturel de favoriser la possession de cette terre, que le paysan, heureusement, aime encore, en le débarrassant dans une juste mesure et, dans certains cas, totalement, de ces 21 %, 36 % et 41 % décrits plus haut, prélevés sur son revenu ? En supprimant la source du mal nous n’aurons plus besoin de recourir à des mesures exceptionnelles, peu en rapport avec notre esprit de liberté dans le droit de propriété. Nous ne condamnons pas le homestead qu’on peut essayer ; mais nous doutons fortement des bons résultats qu’on voudrait en obtenir, si, tout d’abord, on n’exempte pas la petite propriété des charges énormes qui la tuent dans l’œuf.