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« Le revenu vrai d’un agriculteur reprend M. Méline, est presque impossible à déterminer ; il suppose, en effet, la réalisation d’opérations en cours, dont on ne peut pas prévoir les résultats. Voilà le terrain mouvant sur lequel le fisc a la prétention d’engager la discussion avec des millions d’agriculteurs ; il faudra qu’il les mette sur la sellette, qu’il les confesse, le mot n’est pas trop fort, pour en obtenir les renseignements les plus intimes sur leur manière de vivre, leurs consommations journalières et celles de leurs familles, sur ce qu’ils dépensent pour ensemencer leurs terres, nourrir leur bétail, etc., etc. Nous plaignons le gouvernement chargé d’une pareille besogne ».

Savez-vous ce qui est encore plus à plaindre que ce prétendu gouvernement ? Ce sont nos économistes et nos anciens ministres qui se creusent la tête pour trouver de si mauvaises raisons. Qui a bien pu inventer qu’il faudra mettre les cultivateurs sur la sellette ; qu’il faudra les confesser, pour obtenir des renseignements que tout le monde connaît, dans le pays, excepté messieurs les ministres et économistes.

J’ai eu à m’informer pendant plus d’un demi-siècle du revenu et de la valeur des terres, dans plusieurs pays, terres isolées ou groupées en domaines. Je n’ai jamais eu à m’adresser à plus d’un ou deux paysans dans chaque commune pour être parfaitement renseigné sur ces chiffres. Est-il plus difficile à l’administration qu’à un simple particulier de se renseigner sur ces valeurs ? N’a-t-elle pas déjà entre les mains tous les documents nécessaires ?