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Les ventes d’immeubles sur saisies s’élevaient, en 1865 à 5.538 ; en 1872 à 9.306 ; en 1889 à 14.298 ; en 1896 à 20.390, ce qui continue à rejeter de la vie rurale, chaque année, plus de 50.000 individus.

Les hospices, les maisons de correction, les colonies pénitentiaires, les prisons, l’assistance publique, la charité privée ne présentent que des moyens de plus en plus insuffisants pour loger, secourir et essayer de corriger ces épaves de notre civilisation dite très avancée.

M. Méline établit, en outre, qu’actuellement le revenu net de la propriété rurale, réduit à 1.92 1 millions, paie 421 millions d’impôt direct, tandis que le revenu des valeurs mobilières, qui est de 3.438 millions, ne paie que 265 millions d’impôt.

À côté de ces misères extrêmes se constituent chaque année des fortunes de plus en plus colossales, par le prélèvement en quelque sorte automatique au profit de quelques privilèges seulement, des bénéfices produits par le travail universel[1].

Quand on a lu avec attention les pages où sautent aux yeux de pareilles évidences, on attend avec curiosité les remèdes que l’auteur va proposer pour sortir, si possible, de cet état de malaise général.

Et tout naturellement, l’auteur hypnotisé comme tant d’autres, par nos préjugés au sujet de l’impôt sur

  1. M. Raoul Loky signale déjà ce fait dans le Correspondant du 10 février 1885 : « La fortune rapide et excessive d’un petit nombre de capitalistes aux dépens des classes laborieuses prépare un excellent terrain pour la semence des idées communistes. »