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efforts, cette fameuse retraite pour la vieillesse, dont la formule paraît si difficile à trouver.



Il y eût aussi à Rome des luttes sociales au sujet de la possession de la richesse ; le peuple se plaignait d’être écrasé. Un patricien, Ménénius Agrippa, le calma avec son fameux apologue des membres et de l’estomac que l’on nous faisait traduire dans le temps au collège. L’estomac, c’était la classe des patriciens ; les membres, c’était le peuple ; ils se plaignaient de travailler toujours pour ce dévorant estomac ; ils menaçaient de se mettre en grève, comme aujourd’hui, ce qui contrariait singulièrement l’estomac des patriciens. Le peuple romain, comme le peuple de tous les temps, cherchait à améliorer sa situation, mais, en même temps, il aimait beaucoup ces grandes familles consulaires et patriciennes qui faisaient la gloire de Rome ; il en était même très fier, les orateurs obtenaient assez facilement des succès de tribune, et le peuple adjugea les conclusions d’Agrippa en continuant à travailler pour l’estomac.

Je racontais un jour cette aventure à des ouvriers français. L’éloquence de Ménénius ne les avait pas tous convertis. Avant de penser à l’estomac des patriciens, dit l’un d’eux, je pense à celui qui est à moi. Si j’avais été là, j’aurais dit à cet avocat : laissez-moi travailler d’abord pour mon estomac, travaillez de votre côté pour le vôtre ; avec ce système nous serons toujours d’accord.