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Puisqu’il paraît impossible de diminuer les dépenses avec le système actuel, l’impôt sur le revenu avec progression pourrait imiter cette loi commune en mécanique, consistant à obtenir le meilleur produit avec la moindre dépense. Or, le remplacement d’un grand nombre de nos impôts par l’impôt sur le revenu obtiendrait certainement ce résultat. La multiplicité de nos impôts actuels exige une foule de fonctionnaires ; frappant le travail et la petite propriété dans la même proportion que la richesse et la grande propriété, et même souvent dans une plus grande proportion, ils ne peuvent qu’augmenter le nombre des miséreux ; ils sont un obstacle à la vie à bon marché, ils empêchent le travailleur, à moins de circonstances très rares, d’arriver à la possession du petit capital ou du petit revenu capable de mettre sa vieillesse à l’abri du besoin. Les puissants capitalistes actuels et l’école des économistes orthodoxes qui les représentent, ne veulent pas convenir de cette vérité trop bien démontrée. Bastiat a fait rire en son temps, lors de la discussion entre le protectionnisme et le libre échange, en adressant aux chambres sa pétition des fabricants de chandelles contre la lumière du soleil. Sa verve pourrait encore s’exercer aujourd’hui en adressant au Parlement une pétition en faveur de nos pauvres millionnaires capitalistes contre les prétentions de nos millions de travailleurs qui demandent aussi leur place au soleil et leur feraient ainsi, disent-ils, une terrible concurrence. Ces millionnaires feraient valoir leur misère ; ils feraient comprendre, sans doute, que c’est menacer tout l’édifice social, si l’on permet, par une réforme de l’impôt, aux travailleurs, d’arriver à acquérir, par leurs