Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/522

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elle était, au contraire, progressive en sens inverse de sa fortune ; la richesse mobilière n’avait pas encore atteint le développement extraordinaire qu’elle a acquis depuis ; l’industrie exploitée par les grands capitaux, concentrés en quelques mains, n’avait pas détruit le travail modeste de la famille incapable de lutter contre cette concurrence, toute puissante ; enfin, les dépenses publiques ne s’élevaient pas alors à la somme colossale de plus de trois milliards sept cent millions, très supérieure au revenu net du sol tout entier de la France.

La question de l’impôt, traitée théoriquement, pouvait donc recevoir une solution conforme aux traditions du passé, sans grand inconvénient. Mais aujourd’hui on se trouve en présence d’une situation trop certaine et très différente, dont les effets n’étaient guère prévus. On ne pensait pas qu’un jour viendrait où l’impôt, fondé sur l’idée de proportionnalité mathématique, aggravé par une dette hypothécaire toujours plus élevée, par des fermages ne répondant plus aux produits, par des charges générales et des frais partout augmentés, anéantirait la petite et la grande propriété. La classe agricole n’avait pas encore déserté les champs, n’étant pas alors découragée par la trop grande difficulté à vivre ; enfin, le sol français produisait un revenu net supérieur aux dépenses nationales.

Tous ces événements ont amené une modification profonde dans les rapports du capital et du travail et dans la répartition générale de la richesse, l’impôt actuel produisant cet effet économique déplorable d’aller jusqu’à atteindre, non plus seulement le revenu, mais le capital même de la petite propriété.