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Mais comment appliquer un semblable système ? Il faudrait commencer par se mettre d’accord sur la question de savoir où est la limite entre la fortune bien acquise et la fortune mal acquise. L’idée qu’on avait autrefois de la propriété a été si bien troublée dans la plupart des esprits, que l’on entend aujourd’hui soutenir les thèses les plus opposées à ce sujet ; ces vastes associations connues sous le nom de trusts, les accaparements par les associations capitalistes, des choses les plus nécessaires, ont trouvé des défenseurs parmi les économistes les plus célèbres, et ont fini par sembler aussi naturelles que nos petites associations journalières entre ouvriers et petits patrons. Il paraît donc plus naturel d’en revenir à l’application de la progression, sans s’occuper de l’origine des fortunes, comme on l’a fait dans la plupart des États d’Europe.

C’est dans la classe moyenne que réside la force d’un pays. Aujourd’hui elle est épuisée par nos lois fiscales aussi absurdes qu’injustes. Changeons le système, rendons à cette classe le nombre, la force et la vie, en y faisant parvenir facilement la foule innombrable des travailleurs et des prolétaires ; au moyen de l’exemption d’impôt jusqu’à un certain chiffre de revenus, au moyen aussi de la progression de l’impôt, assez justement calculé, pour entraver les immenses accumulations de richesse qui sont fatalement la ruine économique et politique d’un peuple.

On parle de désarmement ; commençons par le désarmement de la ploutocratie, l’autre viendra de lui-même, s’il est dans la nature des choses que les hommes puissent vivre en paix ; car c’est elle qui tire pro-