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la Haute finance. Si quelques voix indépendantes font appel à l’attention distraite de la vraie question et proposent une réforme nécessaire pour mettre un frein à la tyrannie, ces féodaux sont assez habiles et assez puissants pour détourner l’attention sur d’autres questions sans importance et sans opportunité. Quant à la réforme vraiment utile, qui menacerait la puissance financière, en lui imposant un frein nécessaire, ils savent avec habileté, la faire passer pour dangereuse et la défigurer par des détails qui lui donnent l’apparence d’être inapplicable à notre pays, malgré l’exemple des nombreux États, où cette réforme a été introduite, et où elle fonctionne dans l’intérêt général.

Si l’on fait appel à cette classe moyenne, menacée dans son existence sociale et économique ; si l’on cherche à lui faire comprendre qu’elle n’a rien à craindre et tout à gagner, à limiter l’accaparement indéfini de la richesse par quelques-uns, au moyen de l’agiotage, de la spéculation et de l’usure, des gens qui se disent savants, proclament qu’on porte atteinte au principe sacré de la propriété.

Eh bien, nous prétendons que c’est dans les coffres-forts de nos féodaux modernes que sont accumulées les munitions de la guerre sociale, avec lesquels ils prétendent continuer l’exploitation du pays ; que c’est de cette forteresse qu’il faut faire le siège, et que c’est à elle qu’il faut donner l’assaut. Il n’y a pas d’autre moyen de la réduire et de faire rentrer ces richesses mal acquises dans la circulation générale, qu’en l’atteignant par la progression de l’impôt. Des esprits hardis ont proposé d’autres moyens, celui par exemple d’une critique générale sur l’origine de chaque fortune.