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l’esprit d’initiative et d’indépendance, elle ferait peser sur la multitude des travailleurs, par l’absence de toute ressource, de toute propriété personnelle, un joug qui les réduirait à la longue à un état assez semblable à celui de l’esclavage ancien.

Elle entend se décharger de tous les devoirs sociaux, économiques et politiques qui devraient correspondre à ses droits. Par le mécanisme de l’usure et de la spéculation financière elle concentre en ses mains, au profit d’un très petit nombre, le produit du travail général ; elle rend très difficile sinon impossible, l’accession vers un état meilleur, à la multitude innombrable à laquelle on a donné des droits politiques en contradiction avec sa situation économique. Cette féodalité financière ne fonde rien ; elle est, au contraire, une cause perpétuelle, sans cesse agissante, d’une véritable désorganisation sociale. Elle exploite à son profit seul et s’approprie, sans compensation tous les résultats utiles du travail général. Elle crée une sorte de malaise universel, une agitation, une incertitude, une ignorance des vraies causes de cet état, d’autant plus dangereuse que, ne connaissant pas le mal, on lui cherche et on croit lui trouver des remèdes qui ne font que l’aggraver.

L’extrême richesse, d’un côté, au profit de quelques-uns, l’extrême privation je dirais l’esurience à peu près universelle de l’autre côté, entretiennent un état de guerre latent dont il est difficile d’entrevoir la solution pacifique, si on ne trouve pas le moyen d’en combattre la cause première. Est-il juste que le vieillard, qui a contribué à produire la richesse, par une longue vie de travail n’ait pu acquérir le