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l’emprunteur. Le voilà, coûte que coûte, quelle que soit sa position financière, quels que soient les événements qui ont modifié la valeur relative de l’argent, obligé de payer la somme empruntée. Nouvelles démarches, nouveaux frais, peut-être exigences plus dures si les temps ont changé.

Au contraire, le capital qui a servi de cause à la constitution d’une rente, reste entre les mains du constituant aussi longtemps qu’il y trouve son avantage. Les capitaux sont-ils bon marché, ou bien ses affaires lui ont-elles assuré un bénéfice. Il rend le capital et rachète sa rente. On a calculé qu’une rente de mille francs, constitué en 1800 pour un capital de vingt mille francs, donnerait aujourd’hui au débit rentier un bénéfice de vingt mille francs environ, attendu que cette somme vaut actuellement à peu près la moitié de ce qu’elle valait en 1800.

On peut citer ici, à titre d’exemple, le fait considérable des emprunts s’élevant à plus de trente milliards faits par l’État français à différentes époques. S’il avait continué à payer le 5 %, c’est-à-dire un milliard cinq cents millions par an, il pourrait rembourser ces trente milliards de dettes avec un emprunt qui ne lui coûterait qu’un milliard par an. Diminuer le capital ou diminuer la rente du capital, ces deux faits produisent le même effet économique.

La puissance d’achat de l’or et de l’argent change avec le temps : le débit-rentier profite d’un changement de valeurs relatives ; le débiteur, au contraire, ne le peut pas, puisqu’il est astreint à un remboursement à date fixe.