Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/498

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quences entre ces deux frères, le capital et le travail, dont on a fait deux adversaires. Au lieu de s’aider mutuellement, ils se traitent en ennemis, l’un cher chant à exploiter l’autre. C’est à cette situation que le remède est à trouver : réconcilier le travail et le capital par un concordat qui rétablira la paix entre eux en supprimant l’usure ou, tout au moins, en en atténuant les effets.

Voilà ce que le passé lègue à la génération nouvelle. Je ne crois pas m’être trompé en apportant ma modeste pierre aux matériaux nécessaires à la réfection du monument législatif où doit vivre et se développer avec une plus grande somme de justice, la société à venir. Cette préoccupation de la lutte entre la richesse et le travail n’est-elle pas admirablement rendue dans ce passage d’un sermon de Bossuet prononcé le 9 février 1659 au séminaire des Filles de la Providence : « Les pauvres ont leur fardeau, et les riches aussi ont le leur. Les pauvres ont leur fardeau, qui ne le sait ? Quand nous les voyons suer et gémir, pouvons-nous ne pas reconnaître que tant de misères pressantes sont un fardeau très pesant dont les épaules sont accablées ? Mais encore que les riches marchent à leur aise et semblent n’avoir rien qui leur pèse, sachez qu’ils ont aussi leur fardeau. Et quel est ce fardeau des riches ? Chrétiens, le pouvez-vous croire ? ce sont leurs propres richesses. Quel est le fardeau des pauvres ? C’est le besoin. Quel est le fardeau des riches ? C’est l’abondance… Le fardeau des pauvres c’est de n’avoir pas ce qu’il faut, et le fardeau des riches c’est d’avoir plus qu’il ne faut. Onus paupertatis non