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Réflexions à propos d’un sermon de Bossuet.





Un ruisseau descend de la montagne. Ses eaux fécondes arrosent la plaine ; distribuées avec mesure, elles fertilisent les prés, les champs, les jardins ; elles profitent à tous. Survient un homme plus fort qui les retient pour lui seul par une digue énorme qui en arrête le cours ; un étang, presque un lac, puis un marais stagnant se forme, stérilisant la terre, emprisonnant l’air alentour.

Et cependant, les terres qu’il arrosait, plus bas deviennent stériles, privées d’eau, brûlées par le soleil. Les laboureurs se plaignent, s’irritent contre l’homme qui détruit ainsi, par l’abus de son droit, le fruit de leur travail. Et ils se réunissent disant entre eux : par quel moyen allons-nous faire cesser cette injustice ? Et plusieurs veulent faire d’un seul coup sauter cette digue qui les prive de l’eau nécessaire ; et les anciens prévoyant que cela provoquerait une inondation subite, détruisant les maisons, les terres et les hommes, disent plus sagement : réclamons seulement une ouverture dans la digue, assez large pour faire échapper la même quantité d’eau qui arrosait nos terres auparavant. Ainsi fut fait, et chacun s’applaudit du conseil des sages, et l’usurpateur lui--