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nue, entre les mains de quelques-uns, non plus un moyen de venir en aide à peu près gratuitement au travail, mais le plus puissant moyen qui fût jamais, de s’agrandir indéfiniment en l’exploitant. Toute l’intelligence du capitaliste, isolé ou associé, se borne à faire fructifier son capital avec le produit, non de son propre travail, mais du travail des non-capitalistes.

Par une sorte d’égoïsme traditionnel, peut-être par inintelligence de ce qui est juste, ce genre d’exploitation a fini par paraître absolument naturel, où nous en sommes arrivés, au commencement de notre vingtième siècle, après l’abandon du précepte de mutualité tombé en désuétude, disparu du texte de nos lois.

Comment rentrer dans la voie du vrai droit ?

Est-ce en renversant complètement le problème, c’est-à-dire notre état économique sans transition, du jour au lendemain ? c’est impossible.

C’est le temps, aidé de l’égoïsme humain, qui a déformé l’état social vrai, le droit de propriété basé sur la justice et le travail ; c’est aussi le temps qui doit être le facteur nécessaire, avec le véritable esprit de fraternité, pour rétablir la société sur sa vraie base.

Limitons la puissance formidable de l’usure en lui demandant par l’impôt une part de plus en plus grande, à mesure qu’elle accumule davantage. Ce sera le commencement de la réforme. On enlèvera par là, à l’avidité insatiable de quelques uns, le moyen actuellement trop facile d’empêcher le travailleur d’arriver, à la possession de cette frac-