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rêt ajoute en effet au capitalisme un pouvoir d’accroissement indéfini, au point de rendre l’accession à la propriété impossible à la grande masse des travailleurs. Ainsi, double danger : droit de propriété absolu et sans charges sociales d’un côté, et de l’autre, facilité de faire accroître ce nouveau genre de propriété par l’intérêt, sans aucun travail. On n’a jamais vu, sous l’ancienne législation se former avec la même rapidité des accumulations de fortunes aussi considérables qu’on le voit aujourd’hui. Par le simple jeu de notre état social économique actuel, on constate que des centaines de millions sont entassés en une ou deux générations, au profit d’un seul homme ou d’une seule famille.

Nous en sommes là, c’est incontestable, bien que ce ne soit pas aussi public qu’en Angleterre ou en Amérique. La puissance formidable déjà acquise par le capital ainsi centralisé en quelques mains rend en fait, très difficile la correction lente et rationnelle de cet état ; il faut le reconnaître. Cependant, on peut encore espérer que les privilégiés actuels finiront, avec un esprit de prévoyance bien entendue, par accepter les transactions devenues nécessaires. Ce que les détenteurs des grandes fortunes ont fait dans presque tous les États qui nous entourent, pourquoi ne le feraient-ils pas en France ? Ils sont plus nombreux, dit-on, en France, et moins riches ; d’abord, cela n’est pas certain, et encore le fait existerait-il, pourquoi en toute justice refuseraient-ils à la classe qui travaille cette juste compensation ?

« Les aristocraties de l’ancien régime ont péri parce qu’elles ne faisaient pas leur métier, dit