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geoise, la propriété paysanne, n’avaient pas alors l’amplitude, le caractère absolu de la propriété créée par la Révolution. Cela est vrai. Aussi, notre propriété actuelle, exempte des charges sociales qu’elle devait supporter autrefois, est-elle au moins, aussi menacée par le socialisme que la propriété antérieure, que les droits féodaux, notamment, l’ont été autrefois par la multitude qui en était exclue. Voilà pourquoi je soutiens que notre propriété moderne, telle que les faits et notre code civil nous l’ont procurée, en mariant le droit romain avec l’usure, a parcouru peut-être, après un siècle, la période normale de son évolution. Ce qui, dans la période précédente a fait durer si longtemps le régime féodal, c’est que le droit de propriété organisé par ce régime était chargé d’une foule de fonctions sociales, économiques, religieuses, charitables, imposées par la loi ou par les mœurs. Notre droit de propriété moderne, plus absolu, plus égoïste, et moins altruiste, si je puis m’exprimer ainsi, ne rend pas les mêmes services à la société. Et si l’on veut lui donner, en quelque sorte, un brevet de longue vie ou une raison d’être plus durable, il paraît prudent de le charger d’un rôle plus utile à la collectivité ; sous ce rapport, la progression de l’impôt aurait pour effet de lui imprimer, aux yeux de tous, ce cachet d’utilité générale qu’il n’a pas aujourd’hui. Et cela paraît d’autant plus nécessaire qu’à ce droit de propriété, au caractère égoïste, est venu s’ajouter depuis la Révolution, le privilège de l’usure désormais légalisée, et que la législation précédente s’était bien gardé d’admettre. Elle proscrivait au contraire l’usure, conformément au droit canonique, héritier de la tradition mosaïque. L’inté-