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Il arrivera peut-être aussi un jour où la force changera de place, où les nombreux millions de travailleurs seront plus forts dans la lutte économique que les quelques milliers de citoyens possédant actuellement la plus grande partie de la richesse générale.

Quand on réfléchit bien à la situation, on est même surpris de ne pas voir la classe riche se mettre elle-même, comme en Angleterre et en d’autres pays, à la tête du mouvement de réformes que comporte cet état. Certains esprits timorés paraissent craindre que l’appétit des travailleurs ne s’excite trop en mangeant. N’aurions-nous pas plutôt à craindre les exigences de la faim manquant du nécessaire ? Jusqu’à ce jour l’appétit est plutôt venu en mangeant, aux détenteurs de ces énormes fortunes qui ne les satisfont pas encore et sont la cause principale des difficultés de l’heure présente.

Si M. Kergall veut bien me le permettre, je lui conseillerai la lecture du Traité de l’Usure, de Bossuet, et des conférences sur l’Usure publiées sur l’ordre du cardinal de Noailles. Son esprit pénétrant, mais un peu prévenu par suite de l’ambiance, trouverait là sans doute de nouveaux éléments d’appréciation.